Mon enfant a décompensé.
C'est dur de vivre à ses côtés.
Il faut apprendre la souffrance
D'un mal qui ne veut plus lâcher.
Pas le moindre coin d'espérance
Dans les cœurs bientôt asséchés.

Un sentiment de solitude,
Une montée d'incertitudes
Rappelle avec férocité
Notre sentiment d'impuissance.
Comment agir, dans l'ignorance,
Face à l'état de l'être aimé ?

J'appréhende de rencontrer
Le staff médical au complet,
Qui promet tout, sans hésiter,
Pourvu qu'on lui fiche la paix.

Les psychiatres, les infirmiers
Qui ne maîtrisent pas leurs peurs
Tendent un index accusateur
Sournois, pour culpabiliser
La parenté déboussolée.

Il faut raconter de nouveau
En choisissant les mêmes mots
Des souvenirs qui font trop mal,
Soudain, remontés en surface.
Ils envahissent de tristesse
Des proches déjà en détresse.
Ce protocole est un scandale
Qui laissera beaucoup de traces,
Sans que jamais, rien ne s'efface.

J'abhorre les murs de silences
Du personnel en blouses blanches
Dressé comme des échalas
Engoncés dans ses certitudes
Hochant le chef de haut en bas,
Comme un label de "nullitude",
Prêt à dire n'importe quoi !

Un trop long moment de silence
Est un efficace attisoir
Pour raviver sous un ciel noir
Un tourbillon de contresens
Entrechoquant les émotions
Qui se bousculent au portillon.

Les questions, en ronde infernale
Demeurent sans explications
Butent sur les points qui font mal,
Sans entrevoir de solution.

Antoine (7 août 2012)

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