Je m'adresse à vous concernant la campagne de la surveillance des assurée/s.

Je suis membre du Comité du Graap-Association où je débute dans une fonction qui me permet de m’investir pour la politique sociale. Et je suis Travailleuse AI en atelier protégé au Graap-Fondation.

J'étais présente lors de la conférence de presse à Lausanne, et j’ai bien apprécié vos interventions.

Permettez-moi de vous apporter mon expérience

Au Graap nous avons remarqué que de nombreuses personnes croient que la dépression est la seule maladie psychique. Et ils associent la dépression avec un problème qu’on peut régler avec un bon coup de pied etc. Ils ignorent que les maladies psychiques sont nombreuses et diverses. Qu’il est possible de souffrir d’une pathologie sévère qui nous exclut du monde du travail tout en souriant et en étant très dynamique ! Nos souffrances et handicaps sont invisibles.

Pour se stabiliser et se donner une chance à se réinsérer dans la société, professionnellement ou pas, il nous faut sortir, avoir des activités de loisir et de culture, participer à des animations et des fêtes tel que nous les organisons au Graap. Les activités culturelles, artistiques et de loisir représentent une branche importante dans notre structure.

Si nous avons peur d’être épié et de ce fait de perdre notre rente AI, allons-nous continuer de nous distraire et cultiver ainsi ? A rencontrer du monde, se faire des amis ? Nous risquons même avoir peur de travailler en milieu protégé ou faire de l’engagement bénévole tel que je le fais en ce moment même, par crainte d’une dénonciation (si elle peut faire ça elle peut bosser).

Si ce projet de loi passe, cela représente un auto-goal : nous devrons de plus en plus, pour garantir notre sécurité financière, montrer que nous sommes gravement handicapés, cela au dépens de tous projets de socialisation et de réinsertion sociale/professionnelle. Qu’en sera-t-il du développement de nos ressources ?

Il torpille nos tentatives d’avoir une vie digne et raisonnablement confortable et nous enlève toute chance de s’insérer socialement et professionnellement.

Il est important pour nous d’avoir le sentiment qu’on protège nos rentes pour que nous puissions aller de l’avant dans une confiance stabilisante et saine. Si nous avons le sentiment que la société nous impose une pression infernale d’insertion professionnelle sur un marché économique toujours plus impitoyable, accouplé à la peur d’être espionné, notre état de santé ne peut que se détériorer.

Je vous remercie pour votre engagement contre ce projet effrayant et espère que mon témoignage pourra vous être utile.

Cordialement
Dominique Hafner